Mārā, Lilith et les Forces d’Obstruction : étude comparative bouddhisme–kabbale
Mārā, Lilith et les Forces d’Obstruction
Étude académique et comparée (Bouddhisme / Kabbale / Psychologie des profondeurs)
1. Introduction
Dans le canon bouddhique, Mārā occupe une place singulière : il est à la fois une entité du monde du désir et une force mentale représentant la mort spirituelle. Dans certaines lectures ésotériques, Mārā a été rapproché de Lilith, figure démonisée des traditions mésopotamiennes et kabbalistiques, bien qu’il ne s’agisse pas d’un équivalent strict.
Cette étude propose une approche académique, structurée et comparative, abordant :
- les correspondances symboliques entre Mārā et les archétypes kabbalistiques
- l’analyse psychologique des tentations et obstacles
- le rôle et la symbolique des trois filles de Mārā
- un schéma ASCII du fonctionnement des forces obstructives
- une section mystique plus sombre
- des propositions d’illustrations
- une bibliographie minimale issue des sources traditionnelles
2. Mārā dans le bouddhisme : contexte doctrinal
Dans le Canon pāli, Mārā est nommé Kāmadeva, Pāpimā (« le Malin ») ou Namuci (« celui dont on ne s’échappe pas »). Il règne sur le Kāmadhātu, le royaume du désir. Il tente d’empêcher le futur Bouddha d’atteindre l’Éveil en utilisant :
- ses trois filles (Tanhā, Aratī, Rāga)
- ses dix armées, correspondant aux obstacles du chemin
Mārā constitue ainsi le paradigme des kleśas — les facteurs mentaux perturbateurs.
3. Correspondances Kabbale / Bouddhisme
Bien qu’issues de cosmologies différentes, certaines analogies symboliques peuvent être établies :
3.1 Mārā ↔ Samaël
- Samaël : l’Ange de la Sévérité, tentateur, associé à la mort et à la rigueur.
- Mārā : personnification de la mort spirituelle et de la tentation.
Les deux figures incarnent l’adversaire initiatique, celui qui éprouve le pratiquant.
3.2 Les trois filles ↔ Les trois Qliphoth féminines
Dans certaines branches de la Kabbale hermétique, trois entités féminines sont associées aux forces de distraction et de transgression. Leur fonction symbolique est comparable à celle des filles de Mārā :
- séduction
- dispersion mentale
- distorsion du désir
3.3 Lilith ↔ Tanhā / Rāga
Lilith, figure nocturne de la séduction, peut être comparée :
- à Tanhā (soif insatiable)
- à Rāga (passion ardente)
Ces correspondances sont symboliques et non textuelles.
4. Analyse psychologique : Mārā comme structure mentale
Les approches contemporaines (bouddhisme occidental, psychologie bouddhique, psychanalyse comparative) considèrent Mārā comme :
4.1 Un archétype de l’autosabotage
Les mécanismes cognitifs qui s’opposent à la lucidité :
- rationalisation
- évitement
- compulsion
- dispersion attentionnelle
4.2 Le gardien du seuil
Fonction initiatique : Mārā intervient au moment où l’esprit approche la clarté.
4.3 La tentation comme énergie neutre
Dans plusieurs traditions tantriques, la tentation n’est pas un mal en soi mais une énergie mal dirigée.
5. Symbolisme des Trois Filles de Mārā
5.1 Tanhā — Soif, désir possessif
Arthrologie : l’attachement à l’expérience, la dépendance affective, la poursuite compulsive.
5.2 Aratī — Ennui, insatisfaction
Représente le rejet, la fuite, la difficulté à rester présent. Elle incarne l’instabilité intérieure.
5.3 Rāga — Passion, feu intérieur
Énergie créatrice ou destructrice selon son orientation.
Ensemble, elles représentent les mécanismes fondamentaux du cycle du désir.
6. Schéma ASCII : dynamique de l’obstruction
1 | [ Éveil / Bodhi ] |
7. Version “plus dark” / mystique
Dans une lecture plus ésotérique, Mārā apparaît comme :
- le seigneur des mirages, tissant la toile des illusions
- le roi du royaume nocturne où les désirs prennent forme
- la main qui dévie le méditant au moment précis où la conscience devient lumineuse
Ses filles deviennent les trois ombres du cœur humain, chacune murmurant une voie différente vers la dispersion.
8. Illustrations (placeholders)
Illustration 1 : « Mārā surgissant avec ses dix armées »
Illustration 2 : « Les trois filles entourant Siddharta sous l’arbre Bodhi »
Illustration 3 : Schéma symbolique des tentations internes

9. Bibliographie et sources traditionnelles
Textes bouddhiques
- Dīgha Nikāya — récits sur Mārā
- Saṃyutta Nikāya, chapitre « Mārasaṃyutta »
- Lalitavistara Sūtra
- Jātakas (épisodes comparatifs)
Études contemporaines
- Gethin, Rupert — The Foundations of Buddhism
- Analayo, Bhikkhu — Satipaṭṭhāna: The Direct Path to Realization
- Harvey, Peter — An Introduction to Buddhism
Sources kabbalistiques
- Zohar (sections sur Lilith et Samaël)
- Scholem, Gershom — Kabbalah
- Kaplan, Aryeh — The Bahir
10. Conclusion
Bien que Mārā et Lilith proviennent d’univers culturels sans lien direct, leurs rôles symboliques présentent des convergences intéressantes : tous deux agissent comme forces d’obstruction, de tentation ou de dispersion, mais aussi comme révélateurs du chemin intérieur.
Dans cette perspective comparée, Mārā n’est pas l’équivalent de Lilith : il en est plutôt un miroir archétypal, une figure par laquelle le chercheur peut comprendre la dynamique profonde du désir et de la libération.